mercredi 27 mars 2024

Offshore Paris-Camembert

Les Nuits de France Culture viennent de rediffuser, ce mercredi 27 mars 2024, une vieille émission de la série Mégahertz intitulée "La radio au fil des flots: quand la radio pirate hisse pavillon".



C'est amusant de se réécouter quelque quatorze ans après. J'ai vu, sur un de mes anciens agendas, que l'émission de Jacques Confavreux avait été diffusée le samedi 22 mai 2010 à 14h30, mais que nous l'avions enregistrée à la Maison de la Radio la veille, également en début d'après-midi. Je me souviens très bien d'un Jean-Marc Fombonne très décontracté, cela doit d'ailleurs se ressentir à l'écoute.

Sur la page de l'émission, j'ai cliqué sur mon nom et suivi ce lien: https://www.radiofrance.fr/personnes/thierry-lefebvre. Désormais, vingt-sept émissions de Radio France auxquelles j'ai participé, peuvent être réécoutées et téléchargées. Mais il en manque un paquet d'autres. Je me souviens par exemple d'émissions animées par Isabelle Giordano, par Jacques Munier (au moins deux), par Colombe Schneck, par David Glaser, par Thomas Baumgartner... ou encore par Joe Farmer (un Zap Zik... avec Richard Gotainer comme co-invité!). J'aimerais bien réécouter ces émissions avant de devenir sourd. D'ailleurs, il faudrait que j'écrive un jour un dictionnaire des animateurs et journalistes que j'ai eu l'occasion de côtoyer. J'ai dû photographier un certain nombre d'entre eux.

Rien à voir... Dans le cadre d'une de mes recherches en cours, j'étais ce matin à Magnanville pour le départ de la course cycliste Paris-Camembert (90 ans cette année!). En marge de mon enquête principale, j'ai eu le plaisir de croiser le jeune Léo Bisiaux (tout juste 19 ans), champion d'Europe et du monde junior de cyclo-cross. Il prenait le départ de sa toute première course professionnelle. Souhaitons-lui le très brillant avenir qu'on lui promet d'ores et déjà!



Léo Bisiaux au départ de Paris-Camembert.
27 mars 2024.
Photo : Thierry Lefebvre.

dimanche 24 mars 2024

Un art d'équilibriste

À l'occasion de la 35e édition de la semaine de la presse et des médias à l'école, j'ai poursuivi mon exploration des petits trésors de la Radio Scolaire.

Cette fois-ci, je me suis intéressé, à la demande des archives audiovisuelles de Canopé, à une émission de 1967: Visite à un journal. Le quotidien en question, non précisé dans l'émission, était probablement Le Monde.





Le dispositif de l'émission m'a beaucoup amusé. Et les voix des interprètes de ce dialogue sympathique (Bernard Musson et Sylviane Margollé en particulier) gardent toute leur fraîcheur.

J'ai également profité de l'occasion qui m'était offerte, pour rendre un discret hommage à un journaliste et romancier qui m'intéresse beaucoup: Pierre Lamblin (1902-1992).

Voici d'ailleurs une illustration -parmi beaucoup d'autres- de son roman pour la jeunesse Jacques Rogy entre en scène (1963). Dessinée par la talentueuse Françoise Bertier (1914-2001), cette image évoque une visite de l'imprimerie d'un grand quotidien régional.



Pierre Lamblin, Jacques Rogy entre en scène (Collection Spirale, 1963).
Illustration : Françoise Bertier.


Sinon, je viens de terminer un nouvel article -cette fois-ci sur l'histoire du cinéma médical- qui va prendre sans délai la direction de l'Espagne.

mardi 19 mars 2024

Jean-Marie Borzeix

Inspiré par une enseignante-chercheuse qui avait souhaité consulter l'un d'entre eux, je relisais, il y a peu, mes entretiens menés en 2014-2015 avec Jean-Marie Borzeix, Jean-Pierre Hoss et Gérard Unger.

J'apprends aujourd'hui que Jean-Marie Borzeix (1941-2024) vient de nous quitter. L'entretien de mai 2014 est donc désormais en ligne sur Histomédias à l'adresse suivante: https://histomedias.hypotheses.org/433.

"Toute chose est à autrui, le temps seul est à nous; c'est l'unique bien, fugace et glissant, dont la nature nous a confié la possession." (Sénèque.)



Vu hier : l'araignée tisse sa toile.
Photo : Thierry Lefebvre.

dimanche 17 mars 2024

Autre chose

J'intervenais hier dans le très bel auditorium AXA de Marly-le-Roi, à l'occasion d'un colloque intitulé Sociétés d'histoire locale: enjeux et perpectives. Mon intervention portait sur un sujet qui m'est inhabituel: "Quelle communication pour les sociétés d'histoire locale?". Finalement, il y avait plus de choses à dire que je ne le pensais au premier abord.



Moi, déguisé en schtroumpf.


Une petite musique d'antan m'accompagnait dans ma tête, comme souvent: In High Places de Mike Oldfield et Jon Anderson. Désormais, par ce subterfuge, ma jeunesse m'accompagne partout où je me rends. Ça m'évite de prendre trop au sérieux le présent qui me reste.



In High Places (Mike Oldfield, 1983).

La vie, selon Sénèque, est finalement assez simple: "Une grande partie de la vie s'écoule à mal faire, la plus grande à ne rien faire, la vie tout entière à faire autre chose." Voilà qui prête à réflexion!

J'ai au moins six articles à paraître, un ouvrage que je tiens pour l'instant au chaud, et huit autres textes à terminer d'ici la fin mai. Vivement la vie "active" que je me repose un peu!

mardi 5 mars 2024

Tubeless

Je l'ai déjà dit : j'aime beaucoup les cyclistes amateurs et professionnels. Tout comme mon ancien collègue de l'Université Paris Cité, Laurent Flieder. Comme également Albert Londres.

Aussi, dès qu'une occasion se présente (elles sont malheureusement trop rares à mon goût), j'essaie d'aller les voir en chair et en os.

Je me trouvais donc aux Mureaux dimanche dernier (3 mars 2024) et j'ai pu me promener longuement dans les paddocks de Paris-Nice, comme l'an dernier

Les paddocks, c'est vraiment très intéressant: on y voit de magnifiques vélos, fleurons de la technologie la plus avancée; on y croise Patrick Lefevere, Marc Madiot et quelques autres. Surtout, on peut y rencontrer quelques beaux champions internationaux, le plus souvent très avenants malgré l'enjeu: ici, un Belge (3e mondial), un sprinteur français bien connu, un Slovène (4e mondial) et un Danois toujours souriant (6e mondial). Petite brochette parmi tant d'autres entrevus.



Evenepoel, Démare, Roglic, Pedersen.
Photos : Thierry Lefebvre.

Prochainement, je donnerai en Suisse une communication sur le cyclisme professionnel. L'approche sera, sinon originale, du moins hors des sentiers battus. J'aurai l'occasion d'y revenir.

jeudi 29 février 2024

Panthéon

Hier, à l'occasion d'une réunion prévue de longue date, j'ai fait une petite communication sur le Médicophone, "publication mixte, imprimée et sonore" qui me tient particulièrement à cœur. Comme il fallait le prévoir, le gif que j'avais confectionné n'a pas fonctionné sur l'ordinateur de la faculté. Peu importe.




Coll. T. Lefebvre.


J'ai profité de ce déplacement pour aller rendre hommage à Missak et Mélinée Manouchian - et à tous leurs valeureux camarades - au Panthéon. Face à eux, on se sent bien petit.


samedi 24 février 2024

À chaque jour suffit...

Rien de tel qu'une belle ruine pour y rêvasser tranquillement. Celle-ci se trouve quelque part non loin d'ici, mais je ne vous dirai pas où. Une ruine, ça doit rester un secret bien gardé, même si d'autres le partagent (comme on peut le constater aux diverses inscriptions).



Photo : Thierry Lefebvre (février 2024).


Admirez les fenêtres meurtrières Art Déco qui longeaient l'escalier malheureusement écroulé! On avait du goût en ce temps-là, et pas seulement du pognon.



Photo : Thierry Lefebvre (février 2024).


Bientôt, la végétation la masquera pour quelques mois aux yeux des profanes.

Les ruines en disent long sur notre condition humaine, sur nos prétentions, nos fatuités et surtout sur notre garnde fragilité. L'être éphémère qui a fait construire ce monument de décrépitude était tout-puissant en son temps. Les historiens des médias le citent d'abondance, mais la plupart n'aiment pas patauger dans la boue.

Il faudra que je raconte un jour toutes les ruines que j'ai explorées, avant d'en devenir une à mon tour...

jeudi 22 février 2024

L'imprévu

J'adore cette image qui date d'une vingtaine d'années. Pas simplement parce que j'en suis l'auteur, que le moment saisi était à proprement parler surréaliste, et qu'on y reconnaît entre autres Laurent Terzieff (1935-2010) et Laurent Ruquier (lui, je crois qu'il vit encore). Mais surtout parce que je pense être également l'auteur de l'illustration placée en une du journal que tous ces braves gens feuillettent avec une certaine fébrilité.


Image : Thierry Lefebvre.
(19 avril 2004).

Pour l'heure, je n'ai pas retrouvé l'image en question, mais en fouillant ce matin dans mes archives, j'ai mis la main sur cette autre, plus explicite encore, puisqu'on y voit l'auteure de ce détournement.



Photo : Thierry Lefebvre.
(7 novembre 2003).

Il n'y a pas à dire : rien ne vaut l'imprévu, à condition néanmoins de le voir, de le saisir par le collet, puis de le questionner sans ménagement, toute une vie s'il le faut.

Cette semaine encore, j'ai fait deux découvertes étonnantes, simplement en flânant à quelques kilomètres de chez moi. J'ai le sentiment que ces trouvailles imprévues vont m'occuper pendant très longtemps. Même si -c'est évident!- ça ne vaudra jamais les lettres d'amour de Blaise Pascal à Mlle de La Vallière, qu'aurait eu l'occasion de feuilleter Raphaël Schlemilovitch il y a une quarantaine d'années.

mardi 13 février 2024

L'atelier radio d'antan

"Depuis quelques années, les ateliers radios sont devenus monnaie courante. Ils constituent un des outils favoris de l'éducation aux médias et à l'information telle qu'elle est préconisée de nos jours. L'idée n'est cependant pas nouvelle, comme en témoigne une émission diffusée par la radio scolaire en 1972."

Tel est le début de l'article ("Un atelier radio... il y a 50 ans") qui m'a été commandé par les Archives audiovisuelles de Canopé, à l'occasion de la Journée mondiale de la radio. On peut y accéder en cliquant sur l'image en dessous ou sur le lien au-dessus.



Je me souviens que quand j'étais ado, il m'arrivait de bricoler des petits montages, très sûrement insipides, à l'aide d'une radiocassette et d'un petit magnétophone bas de gamme. Au moyen d'un jack, mais ne me demandez pas lequel! 

Et cela ne se passait pas au collège ni au lycée, cela va de soi. C'était beaucoup trop demander à notre cher "corps enseignant".

À propos de radio, je viens de corriger les épreuves d'un article inattendu dont je suis très honoré. J'en reparlerai en avril prochain.

dimanche 11 février 2024

Se sont-ils rencontrés ?

J'intervenais hier à la fondation Jérôme Seydoux-Pathé, dans le cadre d'un colloque franco-espagnol sur la "représentation du corps malade dans le cinéma des premiers temps". On m'y avait invité, sinon je ne m'y serais pas rendu puisque je ne fréquente plus les colloques... depuis fort longtemps. Je me souviens pourtant d'avoir organisé le colloque du centenaire Pathé avec Michel Marie en 1996. Je dois avoir des photographies quelque part.




Ce fut l'occasion de traiter d'une question qui me tarabuste: "Doyen et Comandon se sont-ils rencontrés?". Pour celles et ceux, ultra majoritaires, qui ne connaissent ni l'un ni l'autre, la question peut certes sembler oiseuse.

Je suis également passé à la librairie Mallet, très bien achalandée en livres anciens et reliés. Quelqu'un nettoyait la vitrine. L'intérieur de la boutique est en revanche curieusement agencé.





Tournage d'une série à la noix sur Marie-Antoinette (Canal+).
Photo : T. Lefebvre.


Je suis en train de lire Saki. C'est très subtil. Je cite une phrase entre mille: "Les absents ont peut-être toujours tort, mais ils ont rarement l'occasion de pécher par manque de réflexion.

samedi 3 février 2024

Arlette et Jacques, revenez !

"Et hop!", comme dirait ce bon vieil Achille. Encore un texte de terminé! Je remercie les personnes qui m'ont fait confiance pour cette expérience complexe et passionnante. J'aurai l'occasion d'en reparler.

Je m'étonne toujours du si faible nombre de personnes qui écrivent par goût, alors que notre population est si pléthorique. Pourtant, rien n'est plus simple et respectueux de l'environnement que d'écrire dans son coin. Ça décrasse les méninges et - comment dire? - ça rend plus libre.

D'ailleurs, sans mon amie l'écriture, que ferais-je? Je regarderais les infos en boucle devant la télé que je n'ai pas, en maugréant dans le grand vide de mon for intérieur. Je bichonnerais la voiture que je n'ai pas. Je promènerais toutes des deux-trois heures le chien ou le chat que je n'ai pas. Je serais scotché au smartphone que je n'ai pas. Je hanterais les centres commerciaux pour m'acheter des choses que je n'ai pas (mais puisque l'écriture me suffit...). Je ferais du baby-sitting ou des sudokus ou même de la marche nordique avec des vieux comme moi. J'irais au café du coin pour entendre le son de ma voix, j'y donnerais mon opinion sur tout et sur rien. Peut-être même que je ferais la grasse matinée pour tuer le temps dans son œuf.

Rien à voir... J'adore l'émission Les Maîtres du mystère de Pierre Billard. Elle n'est plus programmée depuis novembre 1974, mais j'attends patiemment qu'elle reprenne.

J'adore les voix d'Arlette Thomas et Jacques Morel. Alain Franck m'impressionne également. Première comparution est un petit chef-d'œuvre.

Ils sont tous morts, me susurre-t-on à l'oreille. Eh bien, c'est bien regrettable!



Première comparution (22 octobre 1968).
Merci au bienfaiteur de l'humanité J.-L. Linconi.

mardi 30 janvier 2024

Antiquaillles

Vu à Nice, non loin du lycée Masséna. Je m'étonne que des ferrailleurs n'aient pas encore déboulonné ces antiquités dont on nous annonçait jadis l'avenir radieux.





"La renommée fait des ronds si larges qu'elle ne provoque pas de remous en son centre", a écrit Edith Wharton dans La France en automobile. Je raconterai un jour les circonstances qui ont conduit un garde du corps du prince Albert à me marcher sur le pied... le droit, si je me souviens bien.

Je cherche et écris comme un dératé (euh, j'ai dû me tromper de locution!), sur tout et plus encore. Avec des délais à respecter en plus, donc il faut que j'y retourne. 

Je signale néanmoins l'ouverture d'un nouveau carnet de recherche: histopharmed. On peut y lire déjà des choses, mais il y en aura plus quand je trouverai le temps. 

C'est à cette adresse: https://histopharmed.hypotheses.org/


jeudi 18 janvier 2024

Marathon Man

Cela va faire bientôt quarante ans que je fréquente des érudits, c'est-à-dire des gens qui accumulent de la connaissance sur un sujet donné. J'en ai croisé plein, à l'université et dans d'autres cénacles. J'aime bien fréquenter les érudits en général. C'est parfois enrichissant. Mais la plupart ont un point commun qui me désole: ils sont monomaniaques. C'est-à-dire qu'ils se sont spécialisés (Dieu sait pourquoi), ils sont devenus experts dans un domaine de la connaissance, se sont pris au jeu et ne changent que très rarement de registre. Autre défaut: ils se prennent souvent trop au sérieux (comme tout le monde, me direz-vous).

C'est un peu comme dans cette curieuse phrase que je viens de lire dans Marathon Man, le roman de William Goldman dont John Schlesinger a tiré son célèbre film: "Il était assis où il était supposé être assis au moment où il était supposé y être assis."

Pour ma part, j'aime bien aller voir ailleurs si la vie ne s'y trouve pas plus intensément. Il y a une dizaine de jours, je me trouvais donc au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines et j'ai eu le plaisir de rencontrer Hugo Boucher, le champion de France cadet de cyclisme sur route en 2023. J'avoue l'avoir un peu envié. Je lui souhaite de vivre intensément ses rêves.



Avec Hugo Boucher.
Ses sparadraps, c'était suite à une mauvaise chute.
Photo : C. Raynal.

samedi 6 janvier 2024

Arc-en-ciel

"La sagesse est de ne pas s'agglomérer", a écrit René Char. J'ai toujours souscrit à ce principe. 

Hier, me promenant sur les berges de la Seine, j'observais le manège d'une poule d'eau se faufilant entre les branches à demi immergées d'un arbre. Au loin, un bel arc-en-ciel semblait jaillir des frondaisons. 




Dans ma tête résonnait Neon Lights, ce petit morceau de Kraftwerk que j'ai toujours beaucoup aimé depuis mon adolescence. Et brusquement, sans lien de cause à effet, un texte sans aucun rapport, sur lequel je planchais depuis quelques jours, s'est structuré. C'est vraiment curieux, le cerveau...



Neon Lights, Kraftwerk

Rien à voir : en 2002, à l'occasion de l'exposition "Méliès, magie et cinéma" qui s'était tenue à l'Espace Electra, j'avais écrit un texte intitulé "Le Voyage dans la Lune, film composite". Il fut publié dans le catalogue dirigé par Jacques Malthête et Laurent Mannoni. Ce texte est depuis régulièrement cité, qu'il s'agisse de la version française (par exemple, Laurent Mannoni, Elena Dagrada, Joshua Yumibe, Patrick Désile, Frank Kessler, Marshall Deutelbaum, Rosa Delgado Leiva) ou de sa traduction en anglais (par exemple, Joel Zika, Jane Stadler, Ryan Lizardi, Andrew Watts, Martin Bonnard, Sabrina Francesca Crivelli, Colin James Williamson, Sami Skantsi, Matthew Solomon). Je note d'ailleurs peu de Français parmi ces noms.

La lecture de cet article richement illustré (merci Laurent Mannoni!) a visiblement inspiré l'artiste contemporain italien Gabriele Di Matteo. Il en a résulté une douzaine d'œuvres exposées à plusieurs reprises. Elles font aujourd'hui partie des collections de la FRAC Bretagne: huiles sur toile et nombreux moulages en résine rouge.

On peut les retrouver sur la base Navigart, qui répertorie les collections des 23 fonds régionaux d'art contemporains.

mercredi 3 janvier 2024

Ne vaut pas un clou

Jérôme Trollet, président de la Société des amis d'Alexandre Vialatte, m'adresse les toutes dernières lignes manuscrites -récemment retrouvées- de l'auteur des Chroniques de la Montagne. Je cite:

"On imagine généralement (parce que c'est vrai) que l'homme est un quinquagénaire en train de promener son chien sur le boulevard Arago à l'heure où les étoiles s'allument et de regarder le baudrier d'Orion avec un faux air d'innocence tandis que son caniche souille le marbre du seuil d'un immeuble résidentiel. C'est une vision photographique de l'homme. Le docteur O'Grady, de Maurois, en avait une vision chimique. Il estimait que l'homme se composait en gros de deux seaux d'eau, de quelques kilos de divers autres ingrédients et de très peu de fer (même pas de quoi faire un clou). Ce qui ramenait les chagrins d'amour [...]".

Remplacez "homme" par "femme" (par souci de la parité), "caniche" par "rottweiler", "baudrier d'Orion" par "smartphone", et vous vous apercevrez que très peu de choses ont changé depuis 1971. Comme le sous-entendait Vialatte, l'être humain ne vaut toujours pas un clou.



Berges de la Seine,
31 décembre 2023.

Je suis en train d'écrire trois textes qui m'ont été en quelque sorte commandés. La commande m'a toujours ouvert des horizons. Elle agaçait Arthur Conan Doyle, si j'en crois sa biographie que je suis en train de lire.

mercredi 27 décembre 2023

Vérification faite

J'échangeais, il y a peu, avec Olivier Lascar, de Science & Avenir, sur un sujet qui n'avait rien à voir, quand, à un moment donné, je me suis mis à parler de Jean-Henri Fabre. Il en a résulté le petit article suivant: "Jean-Henri Fabre. Le bicentenaire d'un entomologiste de légende"

Je ne sais pas si j'ai vraiment formulé les propos qui me sont prêtés dans ce texte, mais cela n'a aucune importance. Il se dit tant de choses.

Par une curieuse coïncidence, je suis en train de lire Eaux profondes (1957) de Patricia Highsmith. À la fin du neuvième chapitre, Vic, le "héros" du roman, observe longuement la parade amoureuse de deux escargots. Highsmith écrit à ce propos: "Il se souvint d'une phrase qu'il avait lue dans un livre de Henri [sic] Fabre à propos d'escargots qui franchissaient les murs d'un jardin pour retrouver leurs compagnons [...]". C'est -petite remarque en passant- une scène-clef pour la compréhension du roman (en tout cas, de mon point de vue).

Comme à mon habitude, je suis allé vérifié l'assertion de Highsmith. Visiblement, Jean-Henri Fabre n'a jamais écrit ce genre de propos sur les escargots. 

Une version antérieure de la scène décrite par Highsmith se trouve dans une de ses nouvelles écrite en 1948, The Snail Watcher. Le héros s'y nomme cette fois Knoppert. Je cite Highsmith: " [...] il avait trouvé une phrase intéressante dans L'Origine des espèces de Darwin, au milieu d'une page consacrée aux gastéropodes. La phrase était en français, langue que M. Knoppert ne connaissait pas, mais au mot sensualité il se raidit comme un limier qui a flairé une piste. [...] C'était un exposé d'à peine une centaine de mots, qui disait que les escargots manifestaient dans leur accouplement une sensualité que l'on ne trouvait nulle part ailleurs dans le règne animal. C'était tout. Cela provenait des carnets de notes de Henri [sic] Fabre."

Je suis donc encore allé vérifier. Il n'est pas question d'accouplement d'escargots dans L'Origine des espèces. En revanche, dans The Descent of Man (La Filiation de l'Homme), ouvrage bien plus tardif, on trouve le passage en question. Je cite Darwin: "Agassiz remarks “Quiconque a eu l'occasion d'observer les amours des limaçons, ne saurait mettre en doute la séduction déployée dans les mouvements et les allures qui préparent et accomplissent le double embrassement de ces hermaphrodites.” [...] These animals appear also susceptible of some degree of permenant attachment: an accurate observer, Mr. Lonsdale, informs me that he placed a pair of landsnails (Helix pomatia), one of which was weakly, into a small and illprovided garden. After a short time the strong and healthy individual disappareared, and was traced by its track of slime over a wall into an adjoining wellstocked garden. Mr. Lonsdale concluded that it had deserted its sickly mate; but after an absence of twentyfour hours it returned, and apparently communicated the result of its successful exploration, for both then started along the same track and disappeared over the wall."

Ainsi, la phrase en français dont croyait se souvenir Highsmith (on notera au passage que le mot "sensualité" n'y figure pas!) était tirée d'un ouvrage du grand naturaliste suisse Jean Louis Agassiz. Et l'observation attribuée à Fabre provenait d'un certain Lonsdale, correspondant probablement anglais de Darwin.

C'est un peu comme si Jean-Henri Fabre incarnait à lui seul tous les éthologues de la Terre, en tout cas dans l'esprit de Highsmith.

Morale de cette histoire: tout est faux ou -à tout le moins- très très approximatif. Et on se demande bien pourquoi certains -comme moi- s'embêtent à vérifier toutes les falsifications qui leur passent sous les yeux. C'est un puits sans fond, à l'image de notre monde de faux-semblants. 

Mais en ces pénibles "fêtes" de fin d'année, un peu de gymnastique intellectuelle est toujours la bienvenue...

vendredi 15 décembre 2023

Parc Monceau

La photographie est bien connue. Il s'agit d'un petit tirage albuminé de 10,6 cm sur 7,8 cm représentant les jeunes Marcel Proust (au milieu) et Antoinette Faure (à droite). Le troisième larron n'a pas été identifié.



Ce fragile document original a été adjugé 17.500 euros chez Sotheby's en 2016.

Au verso, Proust a annoté de sa main : "Mai 1886 au Parc Monceau". Depuis, cette assertion est devenue parole d'évangile.

Je crois connaître les allées du parc. Je suis quasiment certain que ce cliché n'y a pas été pris. La question est donc la suivante: où alors?

jeudi 14 décembre 2023

Il y a quarante-deux ans

Communiqué du service des relations extérieures de Carbone 14 (14 janvier 1982) :

"Vous trouverez ci-joint une note d'information concernant la radio Carbone 14, qui émet depuis le 14 décembre 1981, 24 heures sur 24, sur la bande FM.

Carbone 14 travaille avec une équipe de 60 personnes dont 10 journalistes et chroniqueurs. Son émetteur couvre Paris et sa banlieue.

Carbone 14 est destiné à tout public, sa programmation musicale est aussi diverse que possible - vous y entendez des variétés anglo-saxonnes et francophones avec une recherche particulière pour l'originalité, la nouveauté et la qualité musicale.

La grille de nos programmes accorde une grande place à l'actualité des spectacles de Paris et de ses environs (théâtre, cinéma, concert, etc.) et propose régulièrement une série d'émissions spécialisées (voyage, histoire du jazz, poésie, ésotérisme, science-fiction).

Nous serions très heureux de pouvoir vous aider et de collaborer avec vous. [...]"


mardi 12 décembre 2023

Diversité des collections

Images, sons et matériaux en collections (Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, décembre 2023): tel est le titre du volume des actes des Congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques que j'ai eu l'honneur de diriger.


(Aubervilliers, Éditions du CTHS, 2023, 127 p.

Avec les contributions de Lisa Lafontaine (archiviste-paléographe), Delphine Acolat (Université de Brest Occidentale), Néjat Brahmi (ENS), Camille Moreddu (Université Rennes 2), Muriel Barbier (Mobilier national), Jean-Michel Mathonière (Académie de Vaucluse), François Bordes (Société de Borda) et Christian Robin (Académie de Bretagne).

La diversité des disciplines abordées m'a beaucoup réjoui: anthropologie, archéologie, zoologie, géologie, musicologie, histoire des techniques, histoire de l'art, histoire des médias...

Le volume est en accès libre sur la plateforme OpenEdition Books: https://books.openedition.org/cths/18161

Merci à William Foix et David Simon.

dimanche 10 décembre 2023

Copains d'avant : Carbone 14

Ça se passait très précisément le mardi 17 novembre 1981 au premier étage du 21 rue Paul-Fort, dans le 14e arrondissement. Tout est déjà en germe dans la photo. 



Extrait de l'ouvrage 
Carbone 14, légende et histoire d'une radio pas comme les autres.


Il faut dire que je dispose d'une autre photo (inédite), prise le même jour et à la même heure, vers 19h30. 

Là, c'est encore plus explicite.

Si vous vous reconnaissez (il me manque encore certains noms), mon contact est en haut du blog.